Lorsqu’un album comporte 13 chansons, il y a une chanson, la 7ème, qui se trouve juste au milieu et qui peut être lourde de sens. C’est le cas de Touch, coincée entre les 2 titres (et les deux singles) de Pharrell Williams, le centre de l’album au propre comme au figuré. Touch est une chanson hybride, mêlant différents genres, partant dans différentes directions et le point central de la composition est ici la collaboration avec la légende américaine Paul Williams. Cette description et la présence du septuagénaire n’est pas sans rappeler une autre chanson déjà décortiquée : Giorgio by Moroder. Ici aussi, la partie robotique concurrence la partie humaine… Le début présente un robot tentant de se souvenir du « toucher », lorsque la voix nue de Paul Williams intervient. S’ensuit une partie funky en diable, le piano et les cuivres sont au rendez-vous… Lorsqu’on pense la chanson lancée, une rupture intervient et la chanson évolue dans une toute autre direction, où l’on ressent une grande nostalgie, un chœur de robot se transforme en chœur d’enfants. Nouvelle coupure, Paul Williams nous sort de ce rêve futuriste et avoue : ce toucher l’a presque convaincu qu’il était réel.
Cette histoire d’un robot nostalgique n’est pas sans rappeler l’histoire d’un autre robot, l’Archandroïde de Janelle Monae. C’est intéressant de remarquer que les Daft Punk utilisent les mêmes codes qu’elle pour nous faire ressentir cette impression de musique venant du futur : la nostalgie, des chœurs mélancoliques, des robots humanisés et le retour aux instruments classiques, une vraie batterie, une vraie guitare, quelques violons… A écouter : Mushrooms and Roses.
Un bon album, ça possède une bonne intro (Give Life back to Music), un bon milieu (Touch, donc, cerné par les 2 singles) et une bonne fin. En l’occurrence, ici, il s’agit de Contact, en collaboration avec DJ Falcon, et c’est une conclusion parfaite de Random Access Memories. La chanson commence par un commentaire de Eugene Cernan, dernier homme a avoir marché sur la lune. Son discours évoque un objet non identifié, c’est le point de départ d’une chanson au rythme exponentiel, une envolée épique à la batterie, l’impression d’entendre une fusée qui s’élance dans le but d’établir un… contact. Les Daft Punk ont ramené de la vie dans leur musique, ont presque touché le futur, l’épilogue devait être ce contact.
Écoutez Touch et Contact ci-dessous.
Je suis un grand fan de ces deux chansons, avec leur côté théâtral et cinématographique 🙂