Quoi ? Un artiste cité précédemment par Gaston ? Qui aurait du succès aujourd’hui ? Dans le CàMFoiDS ? Mais qu’est-ce-à-dire ?
Oui, Richard Hawley, parce que cet album, Coles Corner, le mérite amplement et que je l’avais vu avant que Gaston n’en parle ! Comme mon critère de choix n°1 pour le choix des albums, c’est la pochette (ainsi que la liste des chansons au dos, souvent très instructive pour définir un style de musique), j’ai souvent dans mon coffre des disques dont la jaquette est superbe, qui laisse supposer une œuvre colossale et inspirée apte à marquer son époque et à éclairer d’une sonorité éblouissante les générations musicales à venir, mais qui en fait contiennent juste un truc bien pourri.– Attention, digression en approche. L’auteur vous conseille de lancer la seconde vidéo avant de commencer à lire, sinon bonjour l’ennui ! –
Ça me rappelle la fois où j’avais pris un album de musique africaine, pensant tomber sur un Vieux Farka Touré des familles encore inconnu ou un Ismaël Lô en devenir, et où c’était en fait un groupe de décérébrés qui tapaient sur des tambours plus ou moins en rythme. Taper sur un tambour, c’est le niveau zéro de l’expression musicale, ça vient à peine juste après le fait de péter en rythme et avant celui de taper sur ses joues en ouvrant plus ou moins la bouche ! Bref, une déconfiture totale pour moi. Mais enfin, je n’ai pas changé ma méthode de sélection pour autant, il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis. Mais je ne sais pas pourquoi je vous parle de cette expérience ici, puisque cet album mérité largement d’être présenté ici – pour autant qu’on aime la musique d’ascenseur, bien évidemment.
Sur la pochette de l’album, on voit un type qui semble un peu paumé dans la rue, devant un antique théâtre ou music-hall où il y a son nom. Avoir son nom sur un music-hall, ça, c’est la classe. Avoir sa tête de croque-mort et sa coupe de cheveux, ça l’est moins. A l’arrière-plan, un couple de petits vieux passent devant le théâtre. Comme ils n’ont rien à voir dans l’histoire et pour ne pas avoir à leur payer de royalities, ils ont été habilement floutés. Ils ne connaîtront jamais la gloire.
Richard Hawley est un guitariste britannique. Cette présentation sommaire ayant été effectuée, passons à son album. Je vous renvoie à la présentation de Gaston si vous voulez en savoir plus.
Première chanson, Coles Corner : on commence par un ensemble de cordes, on se croirait dans un vieux film musical des années soixante, Alfred Newman à la baguette. Puis le chanteur commence, et impose définitivement son style personnel : on reste sur une sonorité très ancienne, très feutrée, un peu ce qu’on entendait dans les salons de l’ambassadeur des États-Unis en France dans les années 70. Si vous n’y étiez pas, essayez de faire un effort d’imagination. Indice : il n’aimait pas les Beatles. Enfin bref, une musique un peu mélancolique, un peu ancien crooner reconverti dans le blues sans succès, avec un relent de country qu’il se fait bien de cacher, parce que les pistes sur lesquelles il se laisse aller à la « ca’ountry », ce n’est pas probant – ceci est un euphémisme –. Mais une petite vidéo valant mieux qu’un vieux pavé, la voici. Notez que l’ouverture a été tronquée et qu’on entend à peine les violons dont je parlais :
L’album contient d’autres chansons intéressantes, dont The Ocean, ci-dessous. Une longue montée dramatique, admirablement menée d’un bout à l’autre. La version de la chanson utilisée pour les clips promotionnels présentant une introduction de 12 secondes n’apparaissant pas sur la version cd et nuisant à la bonne découverte de ce morceau, voici une version jouée en live. Je vous cale la vidéo pour qu’elle commence au bon moment, je vous laisse squeezer vous-même la fin :
L’album est sorti en 2005. Oui, le style fait plus vieux. On me le dit souvent à moi aussi. Surtout ma femme, le soir. Ce n’était pas son premier album, ni son dernier, puisqu’il a fait un retour remarqué en 2012 avec son Standing At the Sky’s Edge, plus rock et plus agressif. En attendant, avec cet album, vous passerez un très bon moment quelque part dans un rock parfois orchestral, bien emmené, bien maitrisé.
C’est toujours mieux quand ça traite de bonne musique. Voilà pour le bon point!
Pour le reste, permets-moi d’apporter quelques éléments d’appréciation complémentaires:
Mr Hawley fait preuve d’une maitrise de ses productions et de qualités de composition bien au-dessus de la moyenne (et qui font même totalement défaut à nombre de ses contemporains…). Ajoutons qu’il fait également preuve d’une grande constance dans la qualité.
Bref, tu traites ici d’un très grand (je pèse mes mots) avec beaucoup de légèreté… Je sais que c’est le ton de la chronique…. mais tout de même! Comme tu l’écrivais il y a peu: « La musique est un domaine sérieux »… Attention Sigismond, tu es lu!
Il n’a pas la reconnaissance que son talent mérite… mais l’histoire du rock compte nombre d’exemples similaires – pépites passées totalement inaperçues…
Mr Hawley (qui êtes en train de me lire),je vous adresse tout mon respect, ma sympathie et mon immense gratitude pour votre œuvre!
Bonjour,
La critique est justifiée, je l’accepte. C’est vrai que mon article est plutôt sarcastique, alors pourtant que j’ai trouvé cet album vraiment bon, pour le moins.
Cependant, lorsque j’ai eu l’album en main, je ne connaissais pas du tout le bonhomme : j’ai donc livré ici tous les sentiments que j’ai eu avant de commencer l’écoute. Si j’avais écris uniquement sur ce que j’avais écouté, ça aurait été plus élogieux.
Je rajoute une petite phrase de conclusion pour que le lecteur termine sur un sentiment plus proche de l’avis très positif que j’ai de cet album.
Qu’on soit bien clair, je paie Sigismond pour faire le clown, hein (Il n’y a que lui pour croire que je l’ai engagé pour faire de vraies chroniques intéressantes) : par contre les dommages collatéraux sont que, parfois, il tombe sur de « vrais bons disques » -_-
Ce qui est le cas ici… Je préfère Richard Hawley dans sa période plus récente, où on dirait qu’il a trouvé sa voie/x. Mais Coles Corner est déjà un album solide et le live The Ocean montre magnifiquement les bases rock du gaillard et la richesse de ses orchestrations.