Doctor Feelgood… Ce nom en lui même ressemble à une escroquerie. Ça me rappelle un peu le Dr Doxey, celui de Lucky Luke, le charlatan prêt à tout pour ramasser de l’argent en abusant de la crédulité des bonnes gens. Que penser alors de cet album, Down By The Jetty produit par un certain Dr. Feelgood ? S’agit-il là d’une superbe escroquerie, telle que celles sur lesquelles je clique régulièrement (en vain) ? N’ayant peur de rien, je mène l’enquête !
Examinons l’objet. Une pochette blanche, une photo en noir et blanc, dans un cadre noir, des types qui tirent la gueule devant un paquebot, nous sommes de manière évidente devant un pastiche de vieil album ! Une pale imitation se prétendant de la grande époque du rock, mais produite tout récemment ! Je tourne l’album, je regarde ce qui est écrit en tout petit en bas… pas de date… On ne l’assume pas ! On cache sa fourberie ! Et voilà, Dr. Feelgood, vous êtes démasqués !
Bon, continuons nos suppositions, tentons de deviner le style de musique. Il y a les lunettes noires à la Blues Brothers, ce sera donc peut-être des reprises de standards du blues. Cependant, 4 garçons dans le vent sur une pochette, ça peut tout aussi bien être de la pop ou du rock. Ou n’importe quelle imposture. Aujourd’hui, les codes sont tellement mélangés qu’on n’est plus sûr de rien. Dans tous les cas, s’il y a des productions originales (et pas que des reprises), elles seront probablement mauvaises. Il ne suffit pas d’avoir l’apparence d’un bon groupe d’autrefois pour en avoir le talent !
Et là, comme disait Thorin, je ne me suis jamais autant trompé de toute ma vie.
She Does It Right est la piste d’ouverture de ce disque. Et soyons francs, s’il s’agit effectivement de charlatans, ils ont poussé leur imposture vraiment loin. Tout y est, on croirait vraiment être revenu dans les grandes années du Rythm’n’Blues ! Et la vidéo nous replonge vraiment dans l’ambiance des années 70. Alors, est-ce que ce groupe aurait vraiment 40 ans ?
Oui, en effet, Dr. Feelgood est un groupe injustement oublié, fer de lance du pub rock. Qu’est ce qu’est le pub rock ? Ben c’est le rock joué dans les pubs ! Non, pas les publicités. Les pubs ! Les bars en Grande-Bretagne, quoi. Oui, parce que je vous avoue que les publicités, ce n’est pas ma passion. Les bars, par contre… Avez-vous remarqué d’ailleurs que, bien que les pressions soient servies – avec mesure bien sûr – dans les bars, les bars peuvent réciproquement servir à mesurer la pression ? Et vice versa ?
Mais nous nous éloignons du sujet et nous approchons des contrées obscures du calembour pourri. Faisons demi-tour immédiatement et revenons au pub rock.
C’est dans les années 70 que s’est développé en Angleterre un style de musique fort influent, nommé rock progressif et porté par des artistes comme King Crimson, Pink Floyd ou Emerson, Lake and Palmer. C’est une forme de rock intellectuel, porté par des compositions ambitieuses et techniquement abouties. Par opposition à cette nouvelle évolution, certains groupes veulent revenir aux racines du rock, à l’époque où ça s’appelait encore du Rythm’n’Blues, et où il suffisait de connaître trois accords pour s’improviser rockeur ! Et c’est comme ça qu’est né le groupe Dr. Feelgood.
Les caractéristiques de leur musique ? Des compositions simples, des prestations scéniques mémorables, des mélodies rock’n’roll, des reprises de grands classiques du Blues. Le reste, c’est le talent.
La seconde piste est une reprise très fidèle à l’original de Boom Boom de John Lee Hooker. Puis viennent les compositions personnelles du groupe.
Dr. Feelgood – Twenty Yards Behind
Venons-en à la présentation des membres du groupe. Celui-ci est articulé autour du chanteur Lee Brilleaux et du guitariste Wilko Johnson, de son vrai nom John Wilkinson, à ne pas confondre avec le joueur de rugby anglais (ou avec l’inventeur de la machine à aléser, si on veut paraître intelligent). Le groupe a été fondé en 1971 et est toujours actif aujourd’hui, même si aucun des membres d’origine n’y participe plus. Le nom Dr. Feelgood est un terme qui désignerait en argot l’héroïne, mais cette référence ne nous fera même plus tiquer, on a vu que les groupes de musique aiment faire l’apologie de la drogue. Les chorégraphies simplistes sur scène, par contre, ça c’est une marque de fabrique.
On retiendra de ce groupe sa musique très dansante et surtout sa part prépondérante sur le pub rock, mouvement important dans la création de nombreuses scènes. Si aujourd’hui on voit des groupes jouer de la musique dans les bars le jour de la fête de la musique, c’est grâce à eux. Directement et entièrement. Ou presque. Merci Docteur.
Incroyable, ces vieux groupes qui continuent d’avoir de l’actualité régulièrement, mais dont plus personne ne parle. Enfin, plus personne d’un minimum sensé quoi. Le pire étant quand les membres originaux du groupe ont été complètement remplacés… Ça en dit long sur la qualité artistique des groupes que tu présentes, Sigismond, je te félicite !
Venant d’une personne qui a choisi comme artiste de la semaine une artiste à texte et à voix dont plus personne ne parle depuis au moins dix ans, si ce n’est pour dire « ah oui, je m’en rappelle, elle était rigolote », je prends ceci comme un compliment.
Merci Sigis! Chouette billet. Le fond prend de l’épaisseur (tu apprécieras…), tu te documentes!
Dr Feelgood is realy good!
Par ce commentaire, je célèbre la fin de la semaine précédente et donc la fin de ma grève de commentaire! Non mais franchement, Gaston…
Le fond est plus épais ? C’est le signe d’une bonne casserole !
Je suis content que ça te plaise, car c’est ce qui passe jeudi dans Mojo Station. Je t’amène aussi un groupe féminin qui compense le talent par l’énergie, je suis impatient d’avoir ton avis dessus.
J’ai perdu 90% de mon lectorat, je sais, mais pourtant, vous passez vraiment à côté de qqch. Si. -_- Mais je vais me rattraper sur cette semaine, j’en suis sûr !
(Blague à part, j’ai des artistes de la semaine qui sont passés complètement inaperçus, mais évidemment, Lara Fabian, ça fait réagir d’office et on ne voit plus que ça ^^ Il n’y en a pas eu que pour elle non plus, hein !)
Ce qui est fait, est fait Gaston… et j’en suis navré!
Mais nous sommes déjà lundi soir, tout ceci appartient au passé désormais, n’en parlons plus…. j’prèfère oublier quoi! Sans rancune!