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Eskobar - there s only nowAprès Chocobar, voici le nouvel Esquimau en barre : Eskobar ! 

Je fouillais gentiment mon coffre, à la recherche d’un album que j’eus voulu retrouver afin que je vous le présentasse, lorsqu’au détour d’un objet incongru que la morale m’empêche de citer ici, je suis tombé sur cet album : Eskobar – There’s Only Now. Immédiatement, mes doigts gelèrent. Non, ce n’est pas une image, mes doigts gelèrent effectivement. L’album était recouvert d’une couche de glace, épaisse. Franchement, peut-on imaginer une pochette plus froide que celle-ci ?

Cet album est froid. Je ne parle pas là de la musique, mais uniquement de l’image de couverture. Une lueur bleue comme la glace, un soleil pale, des tons froids de bleu et de noir, des vestes en cuir, on sent que ce ne sont pas les musiciens d’Eskobar qui iront jouer de la guitare à moitié à poil sur la plage ! Bon, c’est un choix artistique qui se respecte.

Par contre, le choix artistique qui n’est pas respectable, c’est d’écrire tout en minuscule. Non ! On n’a pas le droit. Même lorsqu’on est Suédois ! Il existe des règles qui définissent comment on est censé écrire, chacun n’est pas loisible de choisir s’il doit les suivre ou non. Ce n’est pas la cour des miracles, ici, on suit les règles édictées. L’une de ces règles, pas la plus bête, nous dit de mettre une majuscule aux noms propres – oui, Eskobar est un nom propre, je reviendrai sur cet anaphylaxie verbale plus tard –, il convient donc d’y mettre une majuscule. En outre, There’s Only Now étant un titre anglais, on met des majuscules à chaque terme. Eusse été un titre français, c’eût été différent. Je suis peut-être vieux jeu, mais j’aime quand les consignes sont appliquées.

Maintenant, passons au nom de ce groupe. Qui ? Oui, qui ? Qui a choisi ce nom ? Insérons le disque et digressons :

Eskobar – Snowman

Pablo_Escobar_Mug

 

Pour les plus jeunes d’entre vous, faisons ici un aparté sur un fameux personnage nommé Pablo Escobar. Pablo Escobar, la plus célèbre de toutes les personnalités nommées Escobar, est un petit Colombien né à la fin des années 40. Comme beaucoup de ses compatriotes, il n’eut pas une enfance facile, marquée par la pauvreté. Mais contrairement à ses compatriotes, il décida qu’il ne devait pas en être ainsi et devint narcotrafiquant. Il se forgea petit à petit une réputation de Robin des Bois local en réinvestissant l’argent de la drogue dans des initiatives caritatives locales. On nous rejoue Scarface, en somme, mais ses bonnes actions ne doivent pas faire oublier la vie de millions d’Américains sacrifiés pour qu’il s’achète des voitures et des villas. Non, Sigismond n’est pas un ancien de la police nationale, mais il aurait pu.

Enfin bon, et voilà ce groupe suédois qui se réclame de l’héritage de Tony Montana Escobar. C’est comme vouer un culte à Staline, quoi. « Il a tué des millions de gens ? Oui, mais il a trop le swag ! »

Et puis même, supposons qu’on ne soit pas versé dans les drogues dures et qu’on ne connaisse pas cette personne. Eskobar. Eskobar, pour peu qu’on connaisse un peu les langues germano-scandinaves, on reconnait le suffixe « bar », qui dériverait de Bär, « l’ours ». Eskobar serait-il dans une première approche l’ours esquimau ? Ou pire encore, le préfixe Esko, qui rappelle furieusement « escogriffe », soit « rapiat » en langage plus courant, mènerait-il à une interprétation du type « l’ours pique-assiette » ? Bwarh ! Ou alors, ce nom serait-il une référence au plus célèbre des ours sur internet ?

Vous aurez compris qu’on a un léger a priori  négatif, pour le moins. Ainsi, après avoir passé un petit quart d’heure à casser la glace autour de l’album à l’aide d’une fourchette – mon psychiatre m’a interdit tout objet pointu ou coupant depuis ma chronique sur Mercury Rev, c’était avec appréhension que j’insérais le disque dans le lecteur.

La musique n’est finalement pas désagréable. Le trio n’amène rien de nouveau dans le monde de la pop, mais intègre et récite proprement les conventions qui ont fait les succès de leurs prédécesseurs. C’est sophistiqué, c’est travaillé, mais ce n’est pas révolutionnaire.  C’est un bon album, mais qui ne se démarque pas assez de ses semblables. Un peu comme si le guitariste avait son livre de cours sous les yeux lorsqu’il composait. On notera une certaines naïveté parfois dans les textes, un certain manque de maturité dans la musique. C’est un bon premier album, mais il manque de personnalité, en somme. Exemple flagrant avec ce clip où on nous prouve que dans le milieu, les lunettes noires, la nuit, c’est nécessaire :

Eskobar – Tell Me I’m Wrong

« Tell me I’m wrong but I feel so free and so small at the same time », c’est vraiment des paroles, ça ? Allez, gageons que les albums suivants des Suédois Daniel Bellqvist, Frederik Zäll et Robert Birming auront été meilleurs, mais ils ne se trouvent pas dans mon coffre. Par contre, j’ai là un autre album venu du nord que j’aimerais vous présenter…

4 commentaires

  1. Je te remercie d’avoir complété cette présentation. Ce titre ne m’a pas plus accroché que les autres, et comme lors de mes recherches documentaires, j’avais lu cette information mais que la chanson ne m’a rien rappelé, j’ai oublié de vous en parler.

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