Sigismond aime les artistes féminines. Il l’a déjà prouvé, il n’a plus besoin de le faire. Il peut donc se déchaîner sur ce groupe-ci s’exprimer avec sincérité et honnêteté sans crainte d’être taxé de machiste. Mais quand même, quand même, n’est-ce pas tendre le bâton pour se faire taper que d’appeler un album Brand New Bag ? Mesdames de The Mother Station, à quoi pensiez-vous ce jour-là ? Ne saviez-vous pas que Sigismond, le grand prédateur du net, rodait à l’affût de la moindre brèche pour s’y introduire et vous conspuer ? Et là, sincèrement, cette pochette, ce titre, ce n’est pas une brèche, c’est une faille sismique !
Commençons pas la première faute de goût : les couleurs. Le filtre orange/violet, aucun logiciel de retouche de photo ne propose ça ! A moins de remonter aux heures les plus sombres d’internet, avant les années 2000. Là, effectivement, à l’époque du gif animé, du fond sonore midi et des sites GeoCities, on rencontrait ce genre d’œuvre. Mais de quand date cet album ? 1994 ? Aïe, mauvaise période…
Ensuite, la typographie : c’est quoi ce texte flower power ? Les années 70, les hippies, c’est fini depuis longtemps ! On va bientôt commencer à raccourcir les cheveux, on se projette dans le 21e siècle !
Et enfin, surtout, le titre : Brand New Bag, soit « tout nouveau sac ». Non mais vraiment ? J’imagine la scène :
Susan : Bon les filles, il faut qu’on trouve un nom pour notre disque !
Gwin : Ouais !
Susan : Il nous faut un nom qui reflète ce en quoi on croit le plus !
Gwin : Bonne idée ! Mais en quoi croit-on le plus ?
Susan : Le pouvoir de la musique ? La paix dans le monde ? La dictature du prolétariat ?
Gwin : Le règne des anges innocents ? La théorie phrénologique ? L’insoluble inconstance des sentiments ?
Susan : …
Gwin : …
Susan : Non, pas vraiment…
Gwin : Non, ce qu’on aime vraiment, c’est…
Ensemble : FAIRE DU SHOPPING !
Comment passer pour un groupe contestataire lorsque le titre de l’album fait l’apologie du consumérisme et de la frivolité ? Comment espérer de cet album autre chose qu’une pop futile et sans saveur ?
J’aurais pu jeter cet album sans même l’écouter, mais mon côté masochiste me pousse à écouter tout ce qui peut me faire mal :
The Mother Station – Put the Blame on Me
Put the Blame On Me est la première chanson de l’album et apparemment celle exploitée en single.
Le style est celui du rock agressif des années 70, avec ses solos de guitare et ses paroles scandées hurlées violemment. On n’est pas content et on tient à le dire. L’ensemble se laisse bien écouter, il accusait certes déjà à l’époque ses 20 ans de retard, mais est de bonne facture. La chanteuse, Susan Marshall, possède une voix pour le moins puissante, qui s’accorde bien à ce côté hard rock de leur musique. La guitariste, Gwin Spencer – elle s’appelle Gwin ? –, déploie elle aussi une belle énergie qui transparait dan sa musique. Elles se sont donc bien imprégnées de la sonorité des années 70 pour nous la retransmettre aujourd’hui avec force et envie. Et avec des couleurs criardes. Mieux vaut ne pas regarder le clip, il accuse lui aujourd’hui ses vingt ans d’âge.
Allez, soyons franc, leur musique était suffisamment bien pour passer dans Mojo Station ! Elles ont même eu droit à un lancement totalement épique que je ne peux que vous retranscrire ici :
Sigismond – voix de stentor : Je t’ai trouvé un superbe CD, Mother Station ça s’appelle, on a une superbe couverture années 70 flower power, …
Mojo Man – sarcastique : Je ne veux pas te vexer, mais c’est The Mother Station.
Sigismond – agacé : Toutes mes excuses.
Mojo Man : Oui, excuse-moi, je t’ai coupé. Donc, oui, une pochette 70’s, c’est vrai, l’album s’appelle Brand New Bag.
– Jusqu’ici, tout va bien. Ça se corse par la suite, comme disait Napoléon. –
Sigismond : Exactement. C’est un album de filles. C’est deux filles qui font ça, heu… si tu me retrouves leurs noms, c’est pas mal…
Mojo Man – fouillant fébrilement le livret du CD : Ouais, ben je cherche, en fait, tu vois…
Sigismond – en perdition : La chanteuse est …
Mojo Man : Il y a Susan et il y a Gwin.
Sigismond – retenant en son for intérieur une blague sur le prénom de la seconde : Ben voilà. C’est cela.
Mojo Man : Elles ont peut-être des noms de famille, mais on fait avec ce qu’on a.
Sigismond : *Ount* – son inarticulé incompréhensible – qu’ai-je voulu dire ?
Mojo Man – ayant trouvé : Susan Marshall !
Sigismond : Oui, qui a eu une carrière de chanteuse – heu – en arrière-plan, pour des grands groupes, tels que… heu…
Mojo Man – qui ne m’aidera pas : Ah ouais, des grands, quand même !
Sigismond : Ou… ouais.
Mojo Man – foutage de gueule intégral : Ah ouais, celui-là aussi ! Ouais, carrément, c’est ce que je préfère.
Sigismond – qui travaille son vocabulaire : Ouais
Mojo Man : Bon, on perd des auditeurs, là, Sigismond.
Sigismond – pressé d’en finir : Donc la piste 7, dont je ne sais plus le nom.
Mojo Man : Oh là là, ça n’y est pas !
Sigismond – ayant sous les yeux le CD, c’est-à-dire la liste des titres au dos : C’est toi qui as le livret !
Mojo Man– fouillant à nouveau fébrilement : Ça n’y est pas sur le livret ! Heart Without a Home ! Un coeur sans maison, comme c’est triste. Allez c’est parti, The Mother Station, Heart Without a Home !
Franchement un lancement aussi épique, c’est une bénédiction pour ce groupe ! Elles devraient nous remercier.
Toutefois est-il que si vous vous demandez ce dont j’ai essayé de parler lorsque j’évoquais la chanteuse d’arrière-plan, c’est le fait que Susan a été choriste ou seconde voix pour pas mal de groupes, comme Lenny Kravitz, Cat Power ou Lucinda Williams. Oui, si j’avais été capable de le dire en direct à la radio, ça aurait été mieux. J’en suis conscient.
Bon, nous nous quittons sur la belle ballade qui conclut le disque, Stranger to My Soul, malheureusement peu représentative des autres œuvres. Puis vous pouvez écouter le podcast de Mojo Station si vous en voulez plus.
Brand New Bag sera le seul album du groupe. On n’aura pas le droit à Look at My New Shoes et Some Great Perfume. Les membres repartiront chacun de leur côté après cet album qui possède quelques belles chansons, mais reste à mon goût un peu trop timoré.
A la semaine prochaine les loulous, j’ai sous la main un album qui fera du bruit !
Bon ben moi j’adore. Enfin, j’adore voir ton vrai visage de Gollum, mais j’adore surtout ce groupe, cette voix, cette énergie (timorée ?), même si les compos sont assez basiques, j’avoue, ça le fait franchement.
J’adore moins la retranscription et l’étalage de vos déboires à présenter décemment ce groupe… L’entendre une fois était suffisamment ridiculisant, oui, ridicu… ah mais attendez, c’est pas si mal, ça : continuez à vous ridiculiser de la sorte, ça me fera moins de boulot !
Sur le fond, c’est vraiment du rock gnangnan… on peut pas dire c’est nul (parce que je suis quelqu’un de courtois)… Mais on ne me fera certainement pas dire que c’est bien… C’est d’une banalité…
Je suis surpris que tu ne te sois pas plus étendu sur le clip du premier titre: superbe compil de tous les poncifs du genre…. et vas-y que je me déhanche en rythme et vas-y que j’ai les cheveux qui tournoient et vas-y que je chante derrière des chandelles ou sur le toit d’un immeuble…. après ça, il ne reste plus aucune porte ouverte à défoncer….
La retranscription du lancement, n’a probablement que peu d’intérêt pour le lecteur lambda ou au moins autant que tes digressions ortho-grammaticales/verbio-linguistiques, mais constitue un bel élément de travail pour notre collaboration. A la lecture, force est de constater que, dés le début, on a su poser notre ton! Et déjà, la jalousie des simples blogueurs qui s’exprime…
Enfin, « A la semaine prochaine les loulous »…. Sigismond?
Je me suis surpris moi aussi à ne pas critiquer le clip. Mais chacun pourra le faire lui-même.
La retranscription est un peu longue. Je l’ai mise pour me rappeler toujours ce que ça donne de se lancer sans préparation et sans filet dans une digression hasardeuse sur un sujet qu’on ne maîtrise pas.
Sur la musique, bon, j’ai trouvé ça pas mal, c’est vrai que la chanteuse a une sacré pêche, mais ça manque quand même d’un petit plus pour se démarquer du tout-venant. Mais comme je savais que ça ne pourrait que te plaire, Gaston, je te devais un article !
Ah, et mes digression ortho-grammaticales et verbio-linguistiques ont pour but d’amener par sérendipité (paf, encore un !) le lecteur à élargir sa culture. Elles sont importantes.
Je n’aime pas le raccourci que je lis entre les lignes « Rock pour les nuls => ça va plaire à Gaston ». Déjà, dans ce milieu ultra-misogyne, ça fait du bien d’entendre quelques filles se casser la voix… Vous me faites rire avec vos portes ouvertes, mais y a-t-il un groupe de rock féminin de l’époque qui a vos faveurs ? Je parie que vos goûts sont 100% testostéronés ! (Allez, vous devez bien écouter PJ Harvey…)
J’aime bien Texas.
Dans le genre « groupe de faux rock qui s’est perverti dans la pop (Summer Son, etc.) », on ne fait pas mieux, je suis sûr que Mojo Man va adorer ^^ (J’adore aussi, hein, pas encore eu le temps d’écouter leur nouvelle galette par contre…)
T’as raison Gaston pour Texas!
Pour le reste, t’as tort! La preuve:
Pj Harvey (bien sûr), The Breeders, Hole, Sheryl Crow (qui bénéficie malheureusement d’une très mauvaise image en France et probablement en Belgique), Bjork, Cat Power, Skunk Anansie, Ani DiFranco, Fiona Apple, … et je me limite aux 90’s!
Sans compter les nombreux groupes dont au moins un membre est une meuf: Sonic Youth, Pixies, The Smashing Pumpkins,… pour ne citer que des « gros ».
Ah, ça me rassure… même si tu ratisses large dans tes propositions, c’est pas toujours très hard quoi comme « rock » 😛 Enfin, moi je connais probablement ces noms plus dans leurs périodes « assagies », on va dire (plus récente)… En particulier celle qui a fait mon année 2012, Cat Power ! J’en parle ICI, ICI, ICI, ICI, et ICI ! Ca pourrait passer sur Mojo Station ou bien ça manque de guitare ? 😛
MOJO Station N’EST PAS « hard », MOJO Station EST « alternatif »!
Par contre, effectivement, je n’ai pas écouté ce qu’a fait récemment Cat Power… J’me rattrape dès que possible et te fais part de mes impressions.