La Normandie ? Sérieusement ? C’est pire que le Brabant wallon, ça !
Au bout de la route de Rouen, il y avait quelque chose. Une maison. Non, pas bleue, pas accrochée à la colline. Non, plutôt une maison de passe. Mais où on joue de la musique comme dans le bon vieux temps du Far-West. Et ce grâce à la Maison Tellier et à son album l’Art de la fugue, sorti en 2010 – comme bon nombre d’albums que j’ai chroniqués, involontairement.
Des Français aux références éclectiques qui se lancent dans une musique aux couleurs country, n’est-ce pas casse-gueule ? C’est ce que je vous propose de découvrir.
Bon, soyons franc, la première fois que j’ai écouté ce disque, je me suis endormi. Je ne sais pas pourquoi ni comment, en fait, parce qu’il est plutôt rythmé, mais c’est ainsi : je suis né fatigué. C’est plus fort que moi. Gaston lui court et s’agite dans tous les sens, mais moi, je suis impassible. Et lorsque je reviens d’un effort intense, tel que aller à la Poste pour envoyer une lettre d’insulte à Gaston en réponse à celle qu’il m’a envoyée récemment, en rentrant, j’ai besoin de faire une petite sieste. J’en fais ainsi trois ou quatre chaque jour, selon le degré d’effort auquel je m’expose. Oui, je mène une vie très saine.
Mais parlons plutôt du disque que nous avons aujourd’hui entre les mains. Le visuel présente des dessins un peu western, un peu années 20, avec des motifs géométriques floraux comme sur les très vieilles affiches. Le fond est de couleur bleu vert (RAL 5001, à vue de nez). Cette jaquette distille ainsi quelques très légers indices sur le style musical à attendre, mais très peu. Elle est comme une porte close. Une porte close pour une maison close. Mettons donc tout de suite une première chanson pour se faire une idée :
La Maison Tellier – La Peste
La Maison Tellier propose un disque bien compliqué à résumer en quelques mots. En effet, chaque chanson est différente des autres. Chacune possède son propre univers, son propre style, ses propres références. Car c’est ça qui fait le style Maison Tellier : les références. Dès qu’on commence n’importe quelle chanson de cet album, on pense irrémédiablement à une chanson, une ambiance, un film, un courant musical. Au détour de chaque chanson, une phrase, quelques notes, une instrumentation rappelle inconsciemment une autre chanson. On reconnaît Johnny Cash sur la chanson éponyme du disque, Bob Dylan sur une autre, voire Noir Désir ou Francis Cabrel, et même pourquoi pas un peu de Kings of Convenience sur Mount Forever ? Ces chansons émanent de personnes cultivées qui nous emmènent en promenade à travers tout un ensemble de monde. Et de cet ensemble, il est difficile de retenir un titre plutôt qu’un autre.
Les chansons sont chantées parfois en anglais, parfois en français, parfois alternant au sein d’un même titre. Après tout, la langue n’est qu’un vecteur de l’ambiance à recréer. Parfois le français convient, parfois il est plus facile de chanter en anglais. Les chansons ici oscillent entre folk et country, avec des textes qui, même si cette généralisation est hâtive, parlent des paumés et des losers. Les malheureux en amours, malheureux au jeu, malheureux de la vie. Heureux en musique ?
La Maison Tellier – Mexico City Blues
Mais qui est la Maison Tellier ? C’est, comme nous le révèle le livret, Helmut, Raoul, Alexandre, Alphonse et Alexandre Tellier, une grande fratrie originaire de la région de Rouen – que je n’arrive toujours pas à placer sur une carte de Bretagne, mais il faudra résolument que je me penche sur la question. Multiinstrumentistes, ils ponctuent leurs chansons à chaque fois de l’instrument le mieux adapté. Au cas d’espèce, sur cet album, on voit ainsi apparaître pas mal de banjo et de mandoline, joués par Raoul, tout comme des cuivres divers et variés dus à Léopold.
Bref, ça donne envie de ressortir le Stetson de l’armoire.
Mais pourquoi jusqu’ici n’avais-je pas parlé de groupe français ? Ben parce que ces idiots risquent de me lire ! Et de s’offusquer de mes blagues pourries ! Ça m’oblige donc à me limiter : pas de blagues sur leurs prénom – pourtant, il y avait du potentiel, ils avaient quand même des parents antoconformistes –, pas de critique à l’emporte-pièce, pas de démontage en règle gratuit de leur façon de chanter ou de leur accent anglais, rien ! Je reste sage.
Je suis surpris ! Le « Laissez venir » de la Mojo station précédente me laissait présager quelque chose de plus rock que ces 2 titres… J’apprécie néanmoins bien le deuxième titre, assez singulier !
Chaque chanson part dans un style différent de la précédente. Pour Mojo Station, j’avais été obligé de sortir la plus rock de l’album pour coller à la thématique de l’émission. Là-bas aussi, j’ai un patron tyrannique qui ne me pardonne aucun écart – si tu vois celui à qui je pense… Mais globalement, si on est branché un peu country type Moriarty, ça peut plaire.
C’est bien… mais…
Beh je sais pas. C’est recherché, bien interprété mais ça me prend pas. Peut-être trop intellectualisé ou conceptualisé et pas assez viscéral…
Bref, la suite Sigismond!
La suite ? elle est apparue le 14 octobre dernier avec l’album Beauté pour Tous .A ecouter !