Le CàMFoiDS > The Hold Steady – Stay Positive

The-Hold-Steady-Stay-PositiveCet homme est habile de ses pieds…

Avez-vous déjà vu ces tableaux peints par des artistes ayant perdu l’usage de leurs mains et qui peignent donc avec la bouche ou les pieds, et qu’on appelle donc fort logiquement artistes peignant de la bouche et du pied ? La plupart sont plus beaux que tout ce que je pourrais faire moi avec l’usage complet de mes deux mains ! On arrive alors à s’ébahir devant tant d’agilité avec les pieds.

Et bien, figurez-vous que j’ai trouvé un cd qui à n’en pas douter a été enregistré avec les pieds !

Extérieurement, pourtant, cet album n’en laissait rien paraître : il se présente sous la forme d’un bel album en carton – plus joli selon moi qu’un cd avec boitier en plastique –, avec deux rabats, un livret pas trop mince, des belles couleurs, pas de faute d’orthographe patente, bref, un bel habit. The Hold Steady – Stay Positive. Voilà ce qui y est écrit.

On écoute la première fois l’album, on ne remarque rien : la musique est simple mais efficace. C’est un rock indépendant qui ne se prend pas la tête, on est là pour faire du bruit et décompresser. C’est une ambiance très “pub”. Ça se laisse bien écouter, c’est entraînant. On remarque par exemple la troisième piste, One For the Cutters, à l’instrumentation élaborée marquée par un synthétiseur joué avec la sonorité d’un clavecin – ou est-ce un vrai clavecin ?

Bref, du bon jusqu’ici.

Mais arrivé à la neuvième piste, un grain de sable vient enrayer le bel ensemble. Le morceau, Magazines, est semblable aux autres, entraînant  sympathique. On sent le côté un peu rebelles des gars, le côté je-m’en-foutiste typique des groupes indé qui travaillent longuement leurs sonorités de manière à ce qu’elles soient le plus dégueulasse possible, afin de prouver qu’ils sont de vrais rebelles au système. Travailler pour passer pour désinvoltes… Et il y a même, à la fin du morceau, une fausse fin ! Ah, c’est ce qu’on préfère dans le rock alternatif, c’est ces fausses fins ! On fait tout comme si c’était la fin du morceau, et paf ! quand l’auditeur ne s’y attend pas, on repart de plus belle ! Là, on y a droit ! Et comble de l’anticonformisme, ils redémarrent sur un morceau complètement différent. Mais sur la même piste ! Ah, les sacrés farceurs que voilà…

Ce nouveau morceau est un vrai morceau : nouvelle mélodie, couplets, refrains, bridge, tout y est. Et à la fin, une outro – ou coda, si on préfère le latin à l’anglais – comme il faut. Et là… paf ! Un second redémarrage ! Et paf ! Une nouvelle chanson encore, toujours sur la même piste ! Ah ces gros rebelles qui nous mettent deux fausses fins et trois chansons différentes sur une seule piste ! C’est inattendu !

Puis le cd s’arrête. Pardon ? Et elles sont où les pistes 10 et 11 ? Hé bééé elles sont sur la 9…

La piste 9, version courte…

Alors oui, j’ose le dire, quand on arrive à enregistrer involontairement trois chansons différentes sur la même piste et qu’on ne s’en rend même pas compte avant de commercialiser le cd, c’est qu’on a un ingénieur quelque part qui a travaillé avec ses pieds !

Et quand on s’y penche d’un peu plus près, on s’aperçoit que le son de l’album a subi une affreuse compression. On a l’impression en réalité d’écouter un mp3 encodé en 128 kbit, où tous les sons ont été mélangés en une soupe immonde et sans saveur. Bon, là, j’exagère un peu, moi je n’avais pas entendu grand chose, mais c’est une discussion récurrente parmi les fans de musique : la perte de qualité des cd actuels. Voyez par exemple ces spectromètres d’une même piste de Michael Jackson, sur différents cd. C’est ce type de matériel qu’on a à Oxygene FM, on peut donc voir visuellement la différence entre un cd présentant des variations marquées entre les sons et celui présentant un spectrogramme plat. Bon, moi, comme disait Jacques Chirac, ça m’en touche une sans déplacer l’autre. Mais quand on sait que certaines personnes dépensent des fortunes absolument pharaoniques dans une installation HiFi…

Enfin bon, une telle preuve d’incompétence, ça fait déplacé.

Mais à part ça, le groupe est sympa. Une petite présentation rapide s’impose : c’est un groupe fondé au début des années 2000 à Minneapolis autour du chanteur Craig Finn et du guitariste Tad Kubler– quel clubbeur celui-là ! –. Il sont remarqués pour leurs chansons renouant avec la tradition du storytelling americain : voyez par exemple One For the Cutters qui pourra rappeler par son thème et sa construction des chansons telles que celles de Bruce SpringsteenNeil Young ou Nick CaveIls ont sorti cinq albums entre 2004 et 2010, Stay Positive étant leur quatrième. Ils ont par ailleurs enregistré une chanson pour la saison 3 de Games of Thrones, mais comme je me moque de cette série, je ne vous dirai pas laquelle, ni où on l’entend.

En attendant, leur musique aurait mérité un meilleur traitement. Le magazine Rolling Stones considère quand même que leur premier album est parmi les meilleurs premiers albums jamais sortis.

3 commentaires

    1. « Et quand on s’y penche d’un peu plus près, on s’aperçoit que le son de l’album a subi une affreuse compression. On a l’impression en réalité d’écouter un mp3 encodé en 128 kbit, où tous les sons ont été mélangés en une soupe immonde et sans saveur. »
      Ce n’est pas ce qu’il fallait dire ? Si tu t’arrêtes à l’introduction et que tu ne cliques par sur « continuer la lecture », tu perds un peu de l’intérêt de ce que j’écris et du message.
      Pourtant, sur beaucoup de mes articles, j’essaie d’aborder un thème annexe intéressant : ici la compression des cd, là le devenir des groupes vieillissants, etc. Que des sujets dont j’entrouvre la porte et que vous êtes libre de prolonger par vous-même.

      Bon, je compte sur toi jeudi, j’ai plein d’idées de chansons à passer !

  1. ah… ouais… beh tu m’avais perdu en fait!
    J’avais bien lu ce passage mais de biais faut croire… j’avais cru comprendre que tu ne parlais que de la piste 9….!
    Désolé! Je les lis tes billets… et en entier même! parfois de façon plus ou moins attentive: j’étais en vacance la semaine dernière!!!

    Ah jeudi…. toute la semaine, j’attends le jeudi cher Sigismond!

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