Semaine spéciale cynégétique !
Aujourd’hui, je vais vous parler d’un des plus beaux albums de ma collection, à savoir Gone To Earth de Barclay James Harvest.
En effet, il faut savoir que je reçus ce matin une missive de la part de Gaston, fort mal rédigée dans un langage assez sibyllin. Il y tenait à peu près ce propos :
Cher et précieux Sigismond,
Lorsque je vous engageai, il y a quelques semaines de cela, sous l’effet conjoint d’une gastro-entérite difficile et d’une flèche dans le genou, j’ai souvenance que vous m’aviez promis des chroniques régulières sur des albums anciens. Or, force m’est de constater que vous traitez ordinairement d’albums assez récents, avec verve et prestance par ailleurs, même si là n’est pas la question. Considérant ce manquement grave à vos engagements et n’ayant d’autre choix que d’être inflexible, je me dois de vous signaler votre licenciement avec effet immédiat.
Bien évidemment, vous comprendrez que ceci n’a aucun rapport avec la réception quotidienne de dizaines de messages de jeunes femmes réclamant à cor et à cri votre adresse personnelle et des rendez-vous avec vous. D’ailleurs, j’en reçois moi aussi, de semblables lettres. Parfois. Tout du moins, j’en ai déjà reçu une. Enfin, je crois. Elle était signée “ta mamie qui t’aime”, il me semble. Donc ne considérez pas cette éviction comme le résultat d’une hypothétique jalousie de ma part.
Bien vôtre,
Gaston
Étonnamment, il n’abordait pas dans cette missive la demande d’augmentation que je lui avais soumise peu avant. Malgré cet oubli qui me chagrine profondément, je me dois de battre ma coulpe. Oui, j’ai traité d’albums bien trop récents. Je me dois de réparer cette erreur en parlant d’un très vieil album, et j’ai choisi pour cela Gone To Earth signé Barclay James Harvest.
1977 ! Ce n’est pas récent, ça ! Ça résonne plus comme un millésime de Bordeaux que comme une année de sortie d’un album, non ? Ne vous y fiez pas, 1977 était une mauvaise année en terme de vins. Mais une très bonne en terme de musique ! Regardez cette pochette ! N’est-elle pas belle ? Un paysage de campagne, dans une représentation un peu naïve,avec une chouette au premier plan fondant sur sa proie. Superbe. En haut, le nom du groupe, en capitales stylisées, en bas le nom de l’album. Si vous étiez un habitué de la chasse à courre à la cour de la reine Victoria, vous aurez reconnu en Gone to Earth l’expression qui avait alors cours pour exprimer en mots courts que le renard poursuivi était entré dans son terrier. L’évocation de ce strigidé dans ce contexte cynégétique ne vous étonnera donc pas !
L’album s’ouvre sur la chanson Hymn, que j’ai choisie ici en version cd et non live, car je trouve que le live perd en finesse.
D’entrée de jeu, l’ambiance est posée : vous êtes bien dans les années 70, vous êtes bien en Angleterre. Sans savoir quoi que ce soit sur ce groupe, vous savez déjà qu’il s’inscrit dans la mouvance du rock de cette époque, marquée par des groupes comme Supertramp, les Moody Blues, Genesis, les Alan Parsons Project, bref, tous les grands noms du rock progressif de cette époque, ce rock intellectuel et recherché. Hymn est-il un hommage à ces contemporains ? Oui et non. Bien au delà, c’est l’apogée d’un groupe qui a pris son envol dix ans plus tôt.
Tout d’abord, il faut savoir qu’il n’y a aucun Barclay James Harvest dans l’histoire. Ce n’est pas le nom du musicien principal. Non, c’est le nom du groupe. C’est un quatuor composé de John Lees, guitariste et chanteur, Les Holroyd, bassiste et chanteur, Stuart « Wooly » Wolstenholme, pianiste et chanteur, et Mel Pritchard, batteur et chanteur pas chanteur. Le groupe s’est formé en 1966, dans la psychédélique du rock et à l’aube du rock progressif. Après un passage par le studio EMI où ils côtoyèrent entre autres les Pink Floyd, ils sortirent quelques albums orientés rock progressif qui connurent un succès modéré. Ce n’est que par la suite, lorsqu’ils signèrent sous le label Polydor à partir de 1973, que la reconnaissance vint, provoquée par la touche distinctive apportée à leurs nouveaux albums. Ce groupe connut alors l’acmé, le pinacle du succès avec l’album Gone To Earth. Ça tombe bien, c’est celui que je vous présente !
Allez, lançons une deuxième vidéo, Poor Man’s Moody Blues, choisie celle-ci pour les mecs qui montent la scène en mini-short au début et pour les coupes de cheveux années 80. LeSonDeGaston aime les moustaches et les hommes dénudés :
Vous l’aurez deviné, cette chanson a été intitulée ainsi à cause de sa parenté manifeste avec le Nights In White Satin des Moody Blues. Barclay James Harvest aurait été appelé par un journaliste « les Moody Blues du pauvre », et voici la plus belle réponse qu’ils puissent y donner ! J’ai d’ailleurs pu voir, dans la liste de lecture du studio d’enregistrement d’une radio que je ne citerai pas ici (mais dont vous trouverez un podcast ici), ce titre orthographié ainsi : Knights In White Satin. Franchement, les chevaliers en satin blanc, ça ne fait pas très sérieux.
Mais les groupes des années 70 vieillissent mal (ceci ne s’applique pas aux Monty Python). Savez-vous que les Moody Blues sont toujours en activité aujourd’hui et essaient depuis bientôt 50 ans de faire oublier leur méga-tube cité ci-dessus pour pouvoir jouer leurs autres chansons ? Si si, je vous assure ! Mais il y a fort à parier qu’ils sont obligés de la jouer à chaque concert, leur fans n’attendant que celle-ci !
Dans un tout autre registre, c’était Samuel Barber qui avait déclaré qu’il regrettait quasiment d’avoir un jour composé l’adagio pour cordes. En effet, cette composition devint si connue qu’elle éclipsa totalement tout le reste de son œuvre. Elle est même si connue qu’on a complètement perdu de vue le fait que ce mouvement n’est qu’un « morceau » du quatuor à cordes n°1, opus 11, dont les autres mouvements ont été totalement oubliés.
Mais pourquoi vous dis-je ceci ? Parce que nos amis de Barclay James Harvest n’ont pas arrêté de produire des disques après ce zénith que constitue cet album ! Ils en ont produit d’autres, avec moins de succès, ont continué à faire des tournées, comme celle de la seconde vidéo réalisée à Berlin Est juste avant la chute du Mur, puis se sont séparés en 1988, sont morts pour certains, ont survécus pour d’autres, et ainsi de suite. Aujourd’hui, le groupe existe encore. Ou plutôt, il existe deux groupes portant ce nom :
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si vous préférez John Lee, suivez le groupe Barclay James Harvest sur ce site : http://www.barclayjamesharvest.com/
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si vous préférez Les Holroyd, suivez l’actualité des seuls vrais Barclay James Harvest à l’adresse suivante : http://www.barclayjamesharvest.co.uk/
- si vous préfériez un des deux autres, c’est trop tard. †
Ah là là, ce n’est pas beau de vieillir et de devenir cupide !
Merci pour le lien vers les Moody blues, ça j’ai bien aimé xD Bon, je trouve finalement que le premier extrait proposé, Hymn, a mieux vieilli, je ne l’aurais pas daté de 1977. Le second est un peu trop ancré dans son époque, et un peu trop simple. Mais ce que je retiendrai bien sûr de cet article c’est que, même si tu es viré, tu continues à produire gratuitement des articles qui rentrent dans la ligne directrice que je t’avais imposée au départ (enfin !) : comme quoi, t’inventer cette histoire farfelue de lettres d’admiratrices était une bonne solution pour te foutre un coup de pied au cul !
ah, ce bon S. me ramène 35 ans en arrière………
Merci, merci, merci……