Sous la peau de Lou Marco, il y a des fils, des engrenages, peut-être quelques courroies et probablement pas mal de pistons. C’est une certitude, ce n’est ni la pochette de son premier album « Sous la peau » visible ci-contre ni le contenu du-dit album qui nous fera mentir ! En effet, la composition de chaque titre le constituant fait la part belle aux instruments en tous genres, un claquement métallique par ici donnera la réplique à une clochette par là. Pendant que l’on entendra un liquide inconnu s’écouler sur les touches d’un piano désaccordé, le mécanisme d’un vieux processeur pourrait résonner dans nos oreilles déconcertées. Si la voix éraillée de Lou Marco semble échapper à toute intervention artificielle sur la mélodie principale de ses chansons, un gros travail a été appliqué sur les chœurs. Entièrement assurés par elle-même, ils se présentent souvent avec des retouches aux accents robotiques ou avec des filtres qui rappellent d’avantage les sons grésillants des chansons de blues des années 20 à la Bessie Smith plutôt que l’auto-tune d’un Kanye West, par exemple. Et c’est là toute l’ambiguïté du son proposé par Lou Marco dans cet album : si l’idée semble être de proposer un univers futuriste aux teintes électro-pop, c’est bien dans le passé qu’ont été puisées les influences majeures de cet opus. On peut noter par exemple quelques morceaux aux sonorités cabaret ou jazz, dans lesquels les cuivres auraient été remplacés par des guitares électriques.
Écoutez Sous la peau ci-dessous :
Sous la peau, le titre, porte donc l’album à bout de bras (premier single et titre éponyme) et apparaît d’ailleurs comme le tube censé faire connaître Lou Marco au grand public. Un seul premier couplet pour que vite vite le refrain, indéniablement efficace, appâte l’auditeur lambda. L’intention est louable mais pourrait perdre les premiers amateurs de Lou, habitués à l’entendre chanter en anglais. Le texte du refrain ici, censé être repris à tue-tête lors d’escapades en voiture dans le Lubéron, pourrait occasionner quelques moments gênants auprès de votre famille pourtant blasée… L’instrumentation pop-rock fait également penser d’avantage à Superbus qu’à une Selah Sue à la française. Qu’importe, le résultat envoie quand même du lourd et est une manière comme une autre de pénétrer dans l’univers atypique de la chanteuse.
Écoutez Don’t Care ci-dessous :
Que les fans de la première heure se rassurent, donc, Sous la peau est constitué d’une majorité de titres en anglais, comme ce Don’t Care ici plus haut. Paradoxalement, c’est quand même plutôt du côté des autres titres en français de cet album que se trouvent les meilleurs morceaux. Ainsi Ma Berline s’en sort avec les plus grands honneurs tandis que l’India Song, un duo avec Arthur H reprenant un texte de Marguerite Duras charme par la simplicité de sa poésie.
Cet album est très riche, le travail effectué sur chaque chanson est conséquent, à un point où, et c’est étonnant pour un premier essai, le tout semble parfois surproduit. Si la construction des différentes pistes est souvent classique, un panel large d’instruments et de voix viennent complexifier l’ensemble. Outre la pléthore de bruitages évoqués plus haut, une phrase mélodique au piano peut très bien se terminer par quelques notes de guitare ou de violons, et la voix particulière de Lou Marco semble par moment perdue dans cette surenchère auditive. Lors d’une première écoute, on pourrait d’ailleurs penser qu’on essaie ainsi de cacher une voix faible et sans envergure. C’est pourtant tout l’inverse, et le live ci-dessous devrait aisément vous convaincre d’une des premières qualités de cette chanteuse : sa voix. Ce serait notre conseil pour le prochain album : proposer des mélodies peut-être plus riches en terme de composition mais moins saturées en effets parasites. Ça manque un petit peu à l’album, une chanson simple, centrée sur la voix avec une instrumentation minimaliste. Ma berline, pour en revenir à mon coup de cœur, en est peut-être le meilleur exemple (mélodie claire, voix marquante) et contre-exemple (bruitages et chœurs omniprésents, mais, preuve que ce n’était pas forcément un défaut, il y a une alchimie parfaite sur ce morceau).
Écoutez la chanson Ma Berline via spotify ci-dessous ou en cliquant ICI :