« Le groupe LEONES sort ses Griffes » ah ah, elle était facile celle-là, mais c’est un fait : les féroces lions du groupe bruxello-namuro-montois LEONES viennent de publier leur premier mini-album intitulé Griffes : une mise en gueule de 5 titres qui nous présente leur univers félin *Rrrroar*. Ne vous enfuyez pas ! Leurs chansons plutôt douces ont du caractère mais ces lions ne mordent pas vraiment : les LEONES ont surtout pour objectif de remettre au goût du jour la Chanson française avec un grand C, celle qui propose des textes travaillés et poétiques sur fond de mélodies efficaces et intemporelles.
Le groupe LEONES est constitué de Thomas (au chant, au texte et à la composition), d’Agathe (au piano) et de Nicolas (à la guitare) et ils évoluent ensemble depuis plusieurs années déjà. En avril 2022, ils publient un premier single qui donne le ton de leur univers : Le temps qui reste. Il s’agit d’une chanson au texte ciselé sur le temps qui passe, un peu trop vite souvent. La ritournelle du morceau reste bien en tête, un excellent choix de premier single pour tout dire, mais ne vous faites pas avoir par l’apparente simplicité du morceau : pour le fun, pensant bien connaître la chanson après mes multiples écoutes, j’ai tenté de suivre le rythme de Thomas sur les couplets et je n’y suis pas arrivé. C’est là qu’on reconnaît un texte finement travaillé, avec chaque syllabe qui est à sa place pour donner cette impression de facilité qui fait les grands morceaux.
Le thème du temps, on le retrouve plusieurs fois sur cet EP Griffes, comme par exemple dans les 2 portraits que sont Elle regarde l’heure et Robert. Dans Elle regarde l’heure, Thomas dresse le portrait d’une femme rencontrée dans le tram, ce lieu où chaque jour nous rencontrons des gens inconnus qui ont leur propre histoire que nous ne connaissons pas… et l’espace d’un trajet, parfois notre cerveau invente tout un tas de chose les concernant. Parfois, un simple geste banal peut éveiller notre imaginaire : qu’a donc cette femme aux yeux rougis à regarder l’heure constamment ? Qu’est-ce qui la fait souffrir ? Qu’est-ce qui l’angoisse ?
Dans Robert, une nouvelle version du temps est mise en évidence : celle du temps qui passe, certes, mais cette fois-ci via le portrait d’une autre personne et de son quotidien. On suit Robert et sa canne dans les rues de la ville, au fil de ses (dernières) saisons. La chanson a un rythme enlevé, le piano mélancolique d’Agathe jusqu’ici omniprésent est remplacé par la guitare dynamique de Nicolas et quelques notes d’accordéon. Un intermède joyeux qui fait du bien en milieu d’album, même si le froid de l’hiver n’est évidemment pas loin…
J’ai oublié de vous parler de la piste d’ouverture, la magistrale Comme Ulysse. Cette fois-ci, l’hiver est bien là, car le spectre de la dépression est présent tout au long de la chanson. Dans une virtuose succession d’assonances et d’allitérations, Thomas nous entraîne dans les méandres d’un cauchemar éveillé où les abysses semblent vouloir nous engloutir. L’espoir est mince, mais peut-être y a-t-il une autre porte de sortie ? Peut-être une âme complice pourrait-elle empêcher de son poids que la pierre nous ensevelisse ? La solution est peut-être dans ce subtil zeugme : et si on se prenait la main et la mer comme Ulysse ?
Découvrez le premier mini-album Griffes de LEONES ci-dessous.
LEONES est en concert le jeudi 30/03 au Centre culturel de Leuze-en-Hainaut.
La release-party de l’album Griffes aura lieu le samedi 01/04 à la Cellule133a à Bruxelles.
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