Le CàMFoiDS > Midlake – The Courage of Others

Midlake_TheCourageOfOthersIs dad a troll?

Aujourd’hui, au fond de mon coffre à mauvaise foi, j’ai trouvé un album à la pochette pour le moins improbable. Cet album, c’est The Courage of Others, du groupe Midlake. On y voit six gus assis dans une forêt, ou du moins devant un bosquet, la photo a peut-être été prise à Central Park. Ils sont vêtus de pèlerine beiges, portent la barbe fièrement, lancent des regards de conspirateurs. En un mot, c’est la cène de Léonard de Vinci, mais en version elfique. Et ça, ça annonce du très très lourd…

Ici, il est nécessaire de procéder à une saine digression sur la classification subtile des albums dont la pochette montre une scène dans la forêt.

Les photos dans la forêt, il n’y a que deux types de groupes qui en font : les new age tendance hippies et les métalleux. Comment savoir si on a affaire à l’un ou l’autre ? C’est très simple, il suffit de regarder les personnages, le nom du groupe et de l’album :

  • si l’un des deux noms a une consonance scandinave, c’est métalleux ;
  • si l’un des deux noms désigne un élément de la nature, c’est new age ;
  • si les personnages sont habillés en noir avec du cuir ou des chaines, c’est métalleux ;
  • s’il y a une personne aux oreilles pointues, c’est new age ;
  • si aucune des conditions précédentes n’est remplie, JETEZ CET ALBUM LE PLUS LOIN POSSIBLE ! C’EST UN OBJET DÉVIANT ET PERVERTI !

Voilà. Normalement, grâce aux bons conseils de Sigismond, vous devriez pouvoir vous en sortir face à la majorité des albums montrant une illustration de forêt.

Ici, nous sommes en territoire connu : le groupe se nomme Midlake, remplissant ainsi le second critère. Ils n’ont pas les oreilles pointues, mais sont quand même habillé en elfes des bois, quatrième critère. Tout va bien. On peut donc s’attendre à entendre dès l’introduction de la première chanson un bruit d’eau qui coule, des petits oiseaux qui chantent et un tambourin à cymbalettes. Oui, le tambourin à cymbalettes, c’est très elfique, ne me demandez pas pourquoi, je suis pourtant sûr que personne n’a jamais vu des elfes en jouer. C’est comme la harpe. Je ne sais pas pourquoi on suppose les elfes fans de harpe celtique et non de scies musicales, mais c’est ainsi.

Serein et confiant en notre analyse poussée de la jaquette, nous introduisons le cd dans notre lecteur. On sait que ce groupe est un rassemblement de hippies retirés dans la forêt à la recherche de leurs racines profondes, ce chaînon manquant entre l’homme et ses ancêtres simiens, aidé pour cela par tout un ensemble de produits naturels à base de plantes et de champignons. Après avoir longuement cherché, ils se seront arrêtés pour enregistrer un disque afin de récupérer un peu d’argent pour acheter des cache-nez, parce que l’hiver arrivant, il ne fait pas bon arpenter la forêt habillé uniquement de feuilles et de fleurs.

Mais en fait, pas du tout.

La première chanson commence. Un bassiste discret, une mélodie jouée en arpège à la guitare, quelques notes de flûte en arrière-plan, une batterie commence, puis le chanteur, accompagné à l’unisson pour le refrain. Bon, on ne s’est pas trompé, ce n’est effectivement pas un album de musique metal – ai-je mis le terme « musique » devant « metal » ? Mon immensurable mansuétude me surprend moi-même  –. Par contre, ce n’est pas du new age. Les loqueteux fans de Deep Forest peuvent retourner dans leur cabane au fond des bois.

Midlake nous propose en effet une musique folk rock assez éloignée de l’ambiance new age qu’on avait escomptée. Il y a bien un peu de tambourin à cymbalettes sur certaines pistes, mais sur les autres, c’est plus par le choix des mélodies que par l’instrumentation qu’on verra poindre le bout d’un troll des forêts. A titre d’exemple, écoutons la première piste de l’album, Acts of Man :

Midlake est un groupe de rock indé originaire du Texas dont le site internet est on ne peut plus sobre. Leur collaboration débuta au début des années 2000, The Courage of Others étant leur troisième album, sorti en 2010. Cet album n’est pas du tout new age, il est bien trop enlevé pour ça. Il n’est pas vraiment folk, il y a quelques solos à la guitare électrique bien trop rock pour ça, mais il n’est pas rock non plus, les mélodies un peu trop « molles » nous interdisent cette classification. Bref, c’est un album à la croisée des chemins, qui pourra plaire à beaucoup de monde, mais qui ne restera pas forcément dans les annales. D’ailleurs, il était tout poussiéreux au fond de mon coffre. Allez, on écoute la chanson « Rulers, Ruling All Things » pour conclure cette présentation :

Oui,  cette vidéo prend à contre-pied toute l’analyse précédente dont la conclusion était que ces musiciens ne sont pas des hippies qui fument de l’herbe au fond des bois. Se serait-on trompé à nouveau ? Ça frise la polygamie. Mais il me semble voir poindre une autre jaquette improbable…

PS : l’illustration centrale est issue de la bd The Autobiography of a Mitroll, de Guillaume Bouzard.

Édition du 21/03/13 : je viens de trouver une vidéo présentant la chanson Small Mountain, issue également de cet album, et rendant bien mieux hommage au groupe : http://youtu.be/iogd1fURBIM

9 commentaires

  1. Tu m’avais dit que tu posterais des musiques vieilles et ringardes et tu viens avec un album de 2010 ????

    OUF, tu te rattrapes bien sur le contenu, avec un premier clip des années 20 et un deuxième des années 60, même le son est vieillot : tu ne t’es pas foutu de moi, tu ne pouvais pas faire mieux pour commencer tes chroniques : ça va dégoûter tout le monde et tu vas flopper : tu ne pouvais pas faire pire -_-

    Bon, le premier clip est quand même sympathique, ce jeté de mannequin dans l’eau à la fin est délectable.

    Pour le deuxième, j’ai été médisant, il y a une réelle innovation technique dans le clip, avec la superposition de 2 vidéos par moment, des effets miroirs, etc. Qui est le réalisateur pour que je le rencarde à Lana Del Rey ?

  2. Fi !
    Concernant la première vidéo, si tu avais une culture cinématographique qui remontait à une époque antérieure à celle de Transformers 2, tu aurais reconnu qu’il ne s’agit pas d’un clip original, mais d’une production de fan reprenant des images du film de 1927 de Murnau, L’Aurore, primé aux Oscars.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/L'Aurore_(film,_1927)
    Le second clip, par contre, est effectivement le clip officiel. On pourrait croire à un hommage aux techniques de Georges Méliès, mais je sens que je vais te perdre.

    Cependant, sur le principe, j’avoue avoir commis un impair en commençant avec un disque aussi récent. Est-ce leur musique désuète qui est à l’origine de mon égarement ? Je corrigerai le tir sur le prochain album.

Laisser un commentaire